Google ne respecte pas les auteurs !

Cela fait maintenant plusieurs années que Google s’attire les foudres des maisons d’édition, écrivains et journalistes avec pour cause deux de ses services : Google News et Google Books. De nombreuses organisations ont déjà porté plainte contre la société californienne avec pour motif principal le non respect du copyright.

Google News, ou Google Actualités, est un outil qui, en se référant auprès de centaines de sources d’informations différentes, permet aux internautes de se tenir au courant de l’actualité. Cependant, cet outil va interroger ces divers sites sans accord ni consentement des propriétaires ! Ainsi, Google News a affiché pendant plusieurs mois des articles en provenance du site officiel de l’Agence France-Presse. C’est seulement en mars 2005 que l’AFP décide d’attaquer Google en justice. L’agence de presse française accuse le moteur de recherche américain d’avoir violé le copyright sur ses photos et dépêches, en les diffusant sur internet sans aucune autorisation. Elle réclame à Google la coquette somme de 17,5 millions de dollars de dommages et intérêts. Depuis 2007, les deux entreprises ont enterré la hache de guerre et Google affiche de nouveau les articles de l’AFP, moyennant une contribution financière.

Ce procès a fait beaucoup de bruit car l’AFP est une des plus grosses agences de presse francophones, mais Google viole encore le copyright de nombreux articles de petits journalistes. Toutefois, que peuvent-ils faire face à ce géant de l’internet ? Google utilise ici sa position dominante pour imposer ses choix. Le coût d’un procès n’est rien comparé aux bénéfices que l’entreprise engendre à chaque fois qu’un internaute visite son site.

Google Actualités a été l’objet de quelques procès et mécontentements, mais c’est un autre service qui va réellement faire réagir les maisons d’édition et écrivains du monde entier : Google Books.

Google Books, appelé auparavant Google Print, a été annoncé en 2004 et est perçu, surtout en Europe, comme une monopolisation et une privatisation de la connaissance. En effet, en concentrant une grande partie du patrimoine littéraire en un seul et même point, les utilisateurs pourraient n’avoir pas d’autre choix que de passer par Google, qui contrôlerait ainsi la littérature. De plus, la censure de tel ou tel livre pourrait n’être définie que par une seule société : Google.

Mais les contestations proviennent majoritairement des éditeurs de livres pour des raisons touchant à leurs droits. Actuellement, la société américaine numérise des livres provenant de quelques importantes universités et elle ne prend pas la peine de contacter, pour chaque livre, les maisons d’édition. Les éditeurs français et belges critiquent d’ailleurs l’idée de l’opt-out avancée par Google : selon la société californienne, c’est aux éditeurs de demander le retrait d’un ouvrage et non à Google de demander l’accord préalable aux auteurs. Ainsi, l’ensemble des ouvrages présents dans les bibliothèques partenaires de Google est numérisé et publié sur internet tant que les auteurs ne se sont pas manifestés.

Le président de la Bibliothèque nationale de France, Jean-Noël Jeanneney, a entamé une véritable guerre contre Google Books. Il a d’ailleurs écrit un livre « Quand Google défie l’Europe » dans lequel il attaque ce projet de numérisation et demande la mobilisation des européens. Car, pour Jeanneney, Google Books n’est pas dangereux uniquement en ce qui concerne les droits des auteurs, mais il craint également une américanisation du savoir. Les dirigeants de Google ont pour but de réunir l’ensemble des connaissances et de les mettre à la portée de tous, partout et gratuitement. Cependant, le patrimoine littéraire mondial est tellement vaste qu’il leur faudra obligatoirement faire un tri parmi les œuvres. Jeanneney s’inquiète du « risque d’une domination écrasante de l’Amérique dans l’idée que les prochaines générations se feront du monde ». Il prend comme exemple la Révolution française de 1789. Dans les bases de données anglo-saxonnes, on traite davantage du Mouron rouge, un roman racontant l’histoire d’un anglais qui sauve des aristocrates français de la guillotine au péril de sa vie, que de Quatre-vingt-treize de Victor Hugo, qui pourtant évoque Danton, Marat et Robespierre. Jeanneney craint donc une vision déformée, sinon américanisée, de la culture française.

Rapidement, le cri d’alarme de Jeanneney est entendu. De nombreux journalistes, enseignants et hommes politiques prennent le relais dans son combat. L’Union Européenne participe également à l’effort commun en développant un système similaire à celui de Google Books : Europeana. Ce projet, encore loin d’être abouti, pourrait, d’ici quelques années, recenser le patrimoine littéraire européen et devenir la bibliothèque numérique européenne.

Google Books et Google News sont, une nouvelle fois, le signe de la toute puissance du moteur de recherche américain. Cependant, cette position dominante ne lui permet pas tout et, lorsque la société californienne dépasse les bornes, on peut assister à une mobilisation dans toute l’Europe. Car c’est plus qu’un simple combat informatique, c’est une véritable guerre contre l’américanisation, de plus en plus présente dans nos pays.

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