L'entrée en bourse de Google

Fin de l’année 2003, Google affiche un chiffre d’affaire de 1.5 milliard de dollars et un bénéfice dépassant les 340 millions. La société grandissante parait mûre pour une entrée en bourse … Cependant, Brin et Page ont déjà eu du mal à accepter un PDG ainsi que les conseils de Campbell. L’étape suivante parait plus difficile : Doerr et Moritz les poussent à entreprendre une introduction en bourse. Il faut dire que Sequoia Capital et Kleiner Perkins entendent récupérer leur mise ! Les fondateurs savent qu’ils ne peuvent pas indéfiniment reculer l’échéance.

Page et Brin le savent, une entrée en bourse pourrait faire d’eux des copropriétaires et ils pourraient être écartés par de gros détenteurs. Ce fut le cas pour Steve Jobs, créateur d’Apple, qui a été écarté de l’exécutif en 1985 ou pour Rod Canyon, fondateur de Compaq, qui a été remercié par le conseil d’administration en 1991. Pour éviter cette éventuelle mise à l’écart, Larry Page et Sergey Brin optent pour une solution proposée par leur idole en matière de gestion financière, le milliardaire Warren Buffet. Ils vont privilégier le « Dutch auction » ou « action à la hollandaise ». Le principe de ce système original est assez simple : pendant une période donnée, les investisseurs potentiels dictent leur prix par un système d’enchère pour un nombre d’actions donné. Durant toute cette période, aucune information concernant la quantité et le montant des offres n’est dévoilée. Ce mécanisme permet ainsi aux particuliers d’acheter des parts, ce qui est important aux yeux de Page et Brin, proches du parti démocrate, mais il permet aussi de court-circuiter les grands investisseurs qui voudraient monopoliser les actions.

Le 13 août 2004, Google ouvre officiellement les enchères pour son titre et annonce le 16 leur fermeture et demande une autorisation d'entrée en Bourse à la SEC . Cependant, le lendemain, l’organisme américain demande un report de l’entrée en bourse du moteur pour violation de la période de silence. En effet, une interview de Larry Page a été publiée le 13 août dans le magazine « Playboy ». L’entrée en bourse du moteur se déroulera quand même le 19 août, les avocats de Google ayant trouvé comme solution d’attacher en annexe l’interview du magazine dans les documents envoyés à la SEC. En fin de journée, l’action finit sa première séance sur un bond de 18% à 100.33$. Google devient ainsi la deuxième plus grande introduction dans la bulle Internet en levée de capital. De plus, Google voit ses bénéfices valoriser 67 fois et devient le troisième plus grand groupe américain de l’internet derrière Yahoo! et Ebay. Du côté des dirigeants, le trio de tête a bien réussi son coup : à eux trois ils contrôlent encore 37.6% de la société et 61.4% en incluant les équipes de direction. Ce qui leur laisse une très large autonomie.

Au final, on peut dire que Google a fait une entrée en bourse réussie, malgré de mauvais présages comme ceux de l’analyste de Standard & Poor’s. Page et Brin, bien que novices en matière boursière, ont su se tirer d’affaire habilement, aidés et conseillés par leurs avocats et financiers. Il est à noter que le titre Google avoisine maintenant les 500 dollars.


SEC : Securities and Exchange Commission, organisme fédéral de réglementation et de contrôle des marchés financiers. Plus simplement, c’est en quelque sorte le « gendarme de la Bourse ».

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